• Diététique
    Alimentation et Santé : la Science et l’imaginaire





    Regards croisés sur quelques pratiques alimentaires en Europe

    Introduction

    1- La nourriture dans l’histoire de l’humanité a toujours été plus qu’un pourvoyeur d’énergie. Elle remplit bien entendu les besoins physiologiques, mais sa dimension symbolique, imaginaire, est un aspect fondamental de la relation qui s’établit entre les hommes et leurs aliments. L’acte alimentaire génère et structure croyances et représentations. Il devient un code à travers lequel circulent communication et informations. Un aspect important de ce code concerne, dans toute l’humanité, l’idée de santé.
    2- Par ailleurs la science et plus particulièrement la science de la nutrition a affiné toujours davantage la connaissance que nous avons de nous mêmes de nos besoins en tant qu’êtres biologiques.
    3- Alors, symbolique et imaginaire d’un côté, science de l’autre, peuvent elles fonctionner ensemble dans une sorte de « méta-représentation » qui nous conférerait une sorte de sérénité nutritionnelle ? A ce jour, rien n’est moins sûr, surtout en ce qui concerne les divers concepts savants ou profanes touchant à la santé.

    Alimentation et santé : un lien vieux comme le monde

    4-Dans notre histoire d’Occidentaux, du moins depuis Hippocrate et ce que l’on sait de la médecine grecque, nourriture, personnalité, environnement et santé ont formé un tout et furent générés par une pensée scientifique telle qu’elle pouvait s’exprimer à l’époque. L’aliment, ou plutôt, les diverses combinaisons d’aliments, furent considérées comme remède ou comme poison dans une pensée médicale ancienne qui au cours des siècles pénétra l’univers profane et marqua durablement les représentations populaires. Ailleurs dans le monde, d’autres civilisations et cultures, a qui l’on peut attribuer une pensée « scientifique », comme l’Inde ayurvédique ou l’Empire chinois, ont développé cette même approche conceptuelle d’un lien étroit liant état de santé et type d’alimentation à travers le maintien d’un équilibre garanti par les nourritures, entre individu, environnement, voire cosmos. Il n’est pas impossible que le berceau universel de ce type de pensée n’ait été l’Inde antique, à partir de laquelle il se répandit à l’est comme à l’ouest1.
    5- Si en Occident l’histoire de la diététique, au vrai sens du terme, c’est à dire celui de gérer sa façon de vivre, commence sans doute avec la pensée grecque, son application ne s’est certes pas faite sur toutes les catégories de la société. Seuls les groupes d’individus raisonnablement prospères pouvaient pratiquer une diététique (dont un régime alimentaire) recommandée par les médecins. La grande majorité des populations, rurales, paysannes, artisanes, se trouvaient confrontées à des oscillations entre de nombreuses situations de manque, de disette voire de famine, entrecoupées de périodes de plus grande affluence. Ce qui revient à dire que le commun des mortels se trouva confronté durant des millénaires, à la peur de manquer. Nous reviendrons plus loin sur cette angoisse ontologique à l’espèce humaine. Il a fallu attendre longtemps en Occident pour que la majorité des populations puissent se payer le luxe de se préoccuper du maintien de leur état de santé par l’alimentation. On en voit les prémices au 19è siècle, au moment de la révolution industrielle et la naissance du capitalisme. Les divers gouvernements des nations occidentales prennent conscience de la nécessité d’une main d’œuvre rentable, productive, par conséquent en bonne santé pour assurer le développement et la richesse nationales. Les états industrialisés doivent gérer les corps de leurs travailleurs, maintenir leur potentiel humain au meilleur de sa forme pour le meilleur rendement. Sans vouloir faire de polémique il s’agissait, en plus important, du problème confronté par les plantations coloniales pour l’entretien de leurs esclaves. Les commentaires de Engels sur l’état nutritionnel des ouvriers anglais en donne une bonne illustration2. Il s’agit donc, pour des besoins économiques, de développer une véritable science de la nutrition visant entre autres, à définir les meilleurs moyens pour un maintien en forme d’une main d’œuvre suffisamment bien nourrie. C’est alors, il me semble, que commence à se creuser l’écart entre l’imaginaire profane et le savoir scientifique en ce qui concerne la nourriture. Le symbolique, l’imaginaire, à priori exclu de la nouvelle science, se portent bien par ailleurs. Médecine humorale, théorie des signatures, ont depuis des siècles pénétré les représentations populaires et se manifestent durablement. En pleine ère pasteurienne, le « profane » croit aux vertus de l’ingestion de sang frais pour combattre l’anémie, ou la faiblesse. Sa croyance ne doit rien aux réelles propriétés nutritionnelles de la chose, il s’agit surtout d’une pensée analogique. Tout comme la viande rouge et le vin fortifient le travailleur, et les blancs de poulet font du bien aux natures délicates ou aux convalescents. Pour avoir des forces il faut beaucoup manger, et les gros mangeurs sont admirés3. Dans l’imaginaire populaire, avoir la santé c’est avant tout avoir assez à manger, et plus particulièrement de la chair et du gras.
    6- On pourrait se dire qu’avec le développement de la science en matière de nutrition, la vulgarisation des connaissances et l’impact de l’information médiatisée, savoir populaire et réalité scientifique pourraient se réconcilier et que le rationnel à tout crin pourrait enfin voir le jour en matière d’aliments. Force nous est de constater qu’en cette fin de vingtième siècle nous en sommes loin, et qu’en fait notre imaginaire continue a fonctionner à plein rendement !

    Le XXe siècle : « combat » de la science et de l’imaginaire. Déplacement des craintes et des mythes

    7- Première constatation : pour la première fois dans la longue histoire de l’humanité un groupe humain, en l’occurrence le monde occidental industrialisé, se retrouve totalement à l’abri du manque de nourriture. S’il y a encore des problèmes de distribution équitable, il y a, on le sait, largement assez d’aliments pour subvenir aux besoins de tous. Nous sommes dans une ère de totale sécurité alimentaire, et par ce terme aujourd’hui galvaudé, j’entends ce qu’entendent les économistes et les historiens : pouvoir alimenter tous les individus d’une population de manière satisfaisante. Dans ce contexte de pléthore nous sommes en train de développer, collectivement, quelque chose qui s’apparente à une psychose. Notre société est en train de cristalliser toutes ses craintes et toutes ses ancestrales angoisses du manque, autour de la nourriture, mais d’une manière très particulière, qui relève bien davantage de l’imaginaire que de la réalité scientifique .
    8- A quoi cela tient-il ? Notre vieille angoisse face à la nourriture, peut être liée à notre condition d’omnivores menant au besoin d’établir un choix nécessaire entre plusieurs aliments possibles pour assurer un régime adéquat semble être liée à la prise de décision que cela implique et à ses conséquences sur notre corps4.
    9- L’imaginaire entre alors en scène : le vieil adage, nous sommes ce que nous mangeons est plus que jamais à l’ordre du jour. L’absorption d’un aliment nous remplit de ses qualités qui deviennent les nôtres. Il ne s’agit pas simplement de ses qualités nutritionnelles, mais de tous les attributs que l’imagination collective a pu lui conférer. Si nous ne croyons plus tout à fait au schéma « viande rouge et sang frais égale force », nous pensons cependant, « légumes verts : légèreté et minceur, pureté ». « Riz complet : énergie et vitalité », « poisson : activité cérébrale, légèreté ». Il ne s’agit pas d’établir ici une charte des valeurs imaginaires des aliments familiers, on peut en avoir une petite idée en consultant des publications de médecines parallèles qui font souvent appel  la pensée analogique et à la représentation profane pour faire passer leur message théorique. En bref, nous transformons les qualités nutritives des aliments en qualités morales, voire magiques. Les vitamines, les oligo-éléments, les anti-oxydants, qui font partie du vocabulaire courant de tout un chacun, deviennent des concepts magiques. Les absorber nous garantit jeunesse, longue vie, résistance aux maladies, vitalité, même si nous n’avons pas la moindre idée de ce que peuvent être ces substances. Nous y croyons aveuglément. Jamais personne n’a demandé à un nutritionniste à quoi ressemblaient ces molécules ni de démontrer leurs bienfaits5. Et peut être sont-elles efficaces parce que justement, nous y croyons autant.
    10- A l’inverse, dans notre imaginaire le gras, diabolisé, devient source de toutes les maladies, il véhicule l’idée de laideur, de grosseur, de lâcheté morale6. Tout comme le sucre, le gras est devenu un péché dans le sens quasi religieux du terme. Les absorber nous fait absorber toutes leurs valeurs négatives et va corrompre notre corps. Ces notions de pur et d’impur ne sont pas négligeables dans notre imaginaire alimentaire. Nous désirons un corps « propre », car c’est le corps « encrassé » qui provoque la maladie. Je ne fais ici que reprendre une terminologie fréquente en médecines parallèles. Ces dernières prônent par ailleurs le « drainage », « nettoyage » et autres méthodes permettant de métaphoriquement stériliser nos corps, pour les rendre « purs », physiquement et moralement7. Nous somme tout de même ici en plein imaginaire, mais un imaginaire qui pour se légitimer a besoin de se rattacher à la pensée ou du moins à la terminologie scientifique. Grand écart, souvent périlleux, qui se réalise par l’utilisation de termes scientifiques pour décrire des procédés ésotériques et symboliques. Il ne s’agit pas ici d’analyser ces phénomènes sémantiques, mais il serait intéressant de voir comment le langage et les concepts scientifiques peuvent être « détournés » et reconstruits par les théoriciens d’une « science » parallèle, qui n’en est peut être pas véritablement une, mais qui permet de démontrer à quel point les êtres humains ont besoin de l’imaginaire pour leur bien être à la fois physique et psychologique.

    Le rôle des média

    11- Dans tout ceci il n’est pas à négliger. La manière de véhiculer l’information scientifique est primordiale. Or, souvent, l’information mal présentée, détournée, voire erronée ou mal comprise saisit l’imaginaire collectif et nous revoilà repartis dans la spirale de croyances qui ont peu ou prou à voir avec la réalité. L’alimentation n’est, jusqu’à nouvel ordre, par la seule manière de prévenir les maladies, ni d’ailleurs le seul remède. Les idées actuelles, popularisées à outrance, sur l’effet préventif, voire thérapeutique des aliments sont exagérées, bien qu’elles contiennent un tant soit peu de vérité. La science a ainsi provoqué un envol sans précédent des croyances que l’on pourrait qualifier de « magiques » autour des vertus ou des dangers des nourritures humaines.
    12- Les nourritures issues de l’industrie agro-alimentaire sont un champ dans lequel se manifestent particulièrement les craintes donnant lieu à de nouvelles représentations. Les progrès scientifiques qui nous ont mis à l’abri de la faim sont aujourd’hui imaginés comme pervers et délétères. La crainte du manque à été souvent remplacée par la crainte d’absorber des poisons. Ces derniers trouveraient leur origine dans les « produits chimiques » des traitements subis par les produits alimentaires. Et le passage du « chimique » au biologique par le biais de la génétique (pensons ici à l’exemple les OGN) n’a rien fait pour arranger les choses.
    13- On passe de l’angoisse du manque à l’angoisse de l’empoisonnement insidieux :il faut bien pouvoir transférer ses peurs. Les affaires de la vache folle et du poulet à la dioxine n’ont fait que cristalliser ces craintes. Or, raisonnablement, scientifiquement, il est évident que jamais auparavant une population n’a eu une alimentation aussi contrôlée qu’aujourd’hui. Nous n’avons jamais eu une meilleure sécurité alimentaire. Le fait justement, que l’on a déterminé la provenance et les risques liés au prion, découvert de quel élevage venaient les poulets contaminés et par quoi et par qui ils furent contaminés, est une preuve suffisante de l’excellence de la chaîne « sécuritaire » de nos produits comestibles. Nos peurs relèvent donc pour une bonne part de l’imaginaire, comme si les êtres humains avaient besoin d’entretenir une crainte, quelle qu’elle soit, vis à vis des substances qui lui confèrent la vie.
    14- L’idée encore si fréquente, que l’alimentation de nos ancêtres était plus saine, plus « naturelle » (je mets des guillemets, car ce concept de nature, mériterait en soi une réflexion anthropologique : les produits chimiques ne seraient pas « naturels », alors que toute substance sur cette planète est chimique ?) est, nous le savons depuis longtemps, totalement erronée. La qualité et son contrôle n’ont cessé de croître depuis un siècle, dans la production alimentaire. Songeons par exemple aux bienfaits de la pasteurisation ou de la chaîne du froid. Or, il est courant de nos jours de penser que la tradition, le terroir, les cuisines ancestrales, sont plus sûres et meilleures que les productions industrielles. Nous assistons là à une recherche de sécurité affective, de besoin de savoir d’où proviennent nos aliments, pour nous assurer qu’ils ont bien grandi dans la terre ou sur le sol herbeux des prairies. Ce qui correspond à notre représentation du monde, et de ses catégories « naturelles ». Ce qui a terriblement perturbé nos concitoyens à la découverte de la maladie de la vache folle, c’est la remise en cause d’une représentation du monde où les herbivores mangent de l’herbe, les carnivores de la viande et les plantes vivent racines dans la terre. Le fait que les techniques de production transforment cette représentation, la mettent en cause, est intimement perturbante, notre imagination ne peut y faire face. Nous avons besoin de « voir » pousser la salade, connaître le pré où vaches brebis ou cochons ont batifolé, nous représenter le pommier centenaire qui nous donne notre reinette préférée. En bref, ce que les marketteurs contemporains appellent la traçabilité. Comment alors réconcilier notre imaginaire et les nouvelles techniques de production ? Il y a hiatus entre la science et le vécu.

    Le rôle des nutritionnistes

    15- Une autre aire de confrontation entre science et imaginaire de la santé est celle de l’équilibre nutritionnel. Le profane le sait, il faut équilibrer son alimentation. Mais qu’est cet équilibre, comment est-il conçu ? comment est-il en fait imaginé ? Dans des enquêtes encore non publiées, que j’ai pu faire dans diverses régions de France, les réponses à cette question d’équilibre sont diverses. Pour certains il s’agit simplement de varier, ce qui est déjà bien. Pour d’autres il s’agit de consommer des aliments « légers », un bon équilibre étant légumes verts et laitages, pour d’autres c’est autant de viande que de végétaux. Les interprétations sont nombreuses et il semble que le modèle nutritionnel ne soit pas bien intégré, il y a réinterprétation du concept d’équilibre8. C’est alors qu’il serait intéressant de se pencher sur les savoirs profanes. Sur ce même sujet on pourrait également se demander si « l’imaginaire scientifique », celui qui permet le développement de la recherche et de nouvelles idées et concepts, et « l’imaginaire profane », ne communiquent pas quand même à leur insu, se nourrissant l’un de l’autre sans toutefois se rejoindre. Ceci pourrait devenir un champ d’investigation intéressant en anthropologie nutritionnelle et donner aux nutritionnistes une vision plus globale des liens qui se tissent entre eux et leurs clients.
    16- Pour terminer, je voudrais revenir à ce concept ancien de diète, avec sa signification de « mode de vie ». Il semble qu’aujourd’hui, dans le domaine de la science, nous en soyons revenus à son sens premier. Il ne s’agit pas seulement de manger sainement : exercice, surveillance du poids, sommeil, font partie des recommandations diététiques. Dans l’ensemble nous avons glissé de la nécessité à avoir assez à manger, à celle de manger sain. Puis, campagnes de santé publique aidant, le devoir de santé se fait sentir. Quand on parle de la diète ou du régime d’une population en occident, on vise autre chose que le cornet de frites ou la cuisine au beurre. Les gouvernants ou les décideurs font entendre que la voie du bonheur, donc de la santé, est pour ceux qui adoptent une manière de manger et surtout de vivre « saines ». Et dans l’imaginaire profane, l’amalgame fut vite fait entre standards de santé et standards de beauté. Les deux notions se mélangent. Un être sain est par définition beau, et jeune de préférence. Cette beauté et cette jeunesse on les maintient par les nourritures que nous absorbons, qui contiennent des substances magiques et bénéfiques sous la forme de vitamines, protéines, micro-nutriments. Nous avons foi en la capacité de la bonne fée nutrition, par le biais de la science, de nous sauver éventuellement de la vieillesse et de la mort.
    17- Un exemple du pouvoir de nos imaginations dans nos croyances est parfaitement illustré par une pratique ancienne d’une secte bouddhiste japonaise, florissante au 16e siècle. Ses adeptes pratiquaient un régime alimentaire strict, végétarien. Les plus inspirés d’entre eux, mirent au point une manière de se nourrir en limitant graduellement les prises alimentaires, et en éliminant les divers aliments les uns après les autres. Ce faisant ils passaient de plus en plus de temps en méditation. Jusqu’au jour où, en méditant, l’individu mourrait en fait de dénutrition. Son corps s’était en quelque sorte auto momifié, et ses disciples disaient qu’il n’était pas mort, mais en grande médiation, et celle-ci ne se terminerait que le jour de l’arrivée sur terre du Bouddha à venir. On lui construisait un stuppa où on pouvait le voir en posture assise les jambes croisées, son corps incorruptible. Il y eut plusieurs de ces « saints » au Japon, on peut encore aujourd’hui visiter certains de ces monuments autour d’un corps auto-momifié. Ils étaient arrivés à l’immortalité par la restriction alimentaire, menant pour nous à la mort, mais pour eux, dans leur imaginaire, à la vie sans fin. 9
    18- Nous n’en sommes pas là certes, mais les croyances profanes actuelles dans les pouvoirs extraordinaires de divers régimes alimentaires sur notre santé et notre longévité méritent réflexion sur nos rôles à jouer : scientifiques oui, gourous non.

    Notes

    1Mazars P. La Médecine Ayurvédique, Que sais-je, PUF Paris 1993
    2Engels F. The Condition of the Working Class in England, 1969 London Granada (orig. 1845)
    3Aaron R. Le mangeur du XIXe Siècle, Payot, Paris 1989
    4Fishler C. L’Homnivore, Odile Jacob Paris 1992
    5Estager M.P. non publié, thèse de doctorat en anthropologie, 3e partie (conversion à la phytothérapie) Université Bordeaux2, 2000
    6Walford R. La Vie la Plus Longue, Robert Laffont Paris 1984
    7Rapports d’enquêtes Hérault et Tarn (Projet COMER) 1998, non publiés. Institut Agronomique Méditerranéen, Montpellier.
    8Strabanek P et McCormick J. Idées Folles Idées fausses en médecine, Odile Jacob Paris 1992
    9Lemoine J. « L’initiation du mort chez les Hmong » L’Homme Tome XII, Juil. Sept 1972 pp. 84-110

    Pour citer cet article
    Référence électronique
    Annie Hubert, « Alimentation et Santé : la Science et l’imaginaire », Anthropology of food [En ligne], S1 | October 2001, mis en ligne le 01 octobre 2001, consulté le 07 février 2016. URL : http://aof.revues.org/1108

    Auteur
    Annie Hubert
    Directeur de Recherche au laboratoire « Sociétés Santé Développement » UMR 5036, Université Bordeaux 2 CNRS 146 rue Léo Saignat 33 076 Bordeaux Cedex
    Paru dans Anthropology of food4 | May 2005

    Les bactéries intestinales participent à la régulation de l’appétit



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    Les bactéries intestinales exerceraient un rôle dans la régulation de l’appétit. Plus précisément, une étude menée par des chercheurs français sur des animaux a montré que la sensation de satiété était impactée.

    Selon une équipe de recherche de l’Inserm et de l’université de Rouen, les protéines bactériennes sécrétées par les E.coli pourraient être impliquées dans les voies moléculaires utilisées par l’organisme pour signaler la sensation de satiété. En effet, dans un travail dont les résultats ont été publiés dans Cell Metabolism fin novembre, les chercheurs ont observé que les bactéries intestinales (E.coli) produisent des protéines qui influencent l’émission de signaux de l’intestin au cerveau, signaux de rassasiement, vingt minutes après la prise alimentaire. Cet intervalle de temps rappelle celui du temps dont une personne a besoin pour commencer à ressentir la satiété en période post-prandiale.
    Les chercheurs se sont aussi penchés sur le profil des protéines bactériennes avant et après le repas. Ainsi, ils ont pu constater que les protéines « rassasiées » d’après repas permettent une réduction des aliments ingérés et qu’elles stimulent la libération du peptide YY, hormone associée à la satiété. Les protéines d’avant repas ont quant à elles étés associée à la production de peptide GLP-1, hormone stimulant la sécrétion d’insuline. 
    L’étude a été complétée afin de détecter la présence d’une des protéines bactériennes « rassasiées » appelée ClpB dans le sang des animaux. Le résultat suggère un lien entre composition bactérienne et régulation de l’appétit. De plus, ClpB majorerait l’activité neuronale réduisant l’appétit.
    « 
    Le microbiote intestinal produit des protéines qui peuvent être présentes dans le sang à plus long terme et qui modulent ces circuits dans le cerveau » ajoute Serguei Fetissov de l’unité mixte de recherche « nutrition, inflammation et dysfonction de l’axe intestin-cerveau » (Inserm/ Université de Rouen). « Les bactéries participent physiologiquement à la régulation de l’appétit immédiatement après l’ingestion d’aliments en multipliant et en stimulant la sécrétion d’hormones de la satiété dans l’intestin », conclut-il.    Source : Inserm
    Quel régime choisir ? Les promesses mais aussi la vérité …

    J’ai eu la chance de croiser un jour le docteur Jean-Michel Lecerf, médecin nutritionniste spécialisé en endocrinologie et maladies métaboliques, Chef du service de Nutrition à l’Institut Pasteur de Lille.
    A l’époque où je travaillais pour la Société SOGERES, il était venu faire une conférence au CUM (Centre Universitaire Méditerranéen) à Nice et j’ai eu l’honneur de tenir le rôle de modérateur lors des débats qui furent riches et nombreux.
    Il est l’auteur du livre « 
    A chacun son vrai poids » (éditions Odile Jacob), et il reprend avec tellement de précision et de lucidité, les régimes les plus couramment rencontrés, que je vais seulement reprendre sa liste :
    (A noter que seuls les régimes personnalisés, avec le soutien d’un médecin nutritionniste ou d’un diététicien nutritionniste, sont conseillés par le corps médical). 
    Dukan
    La promesse. Réintroduit dans les années 2000 par
    l’ex-docteur Pierre Dukan, le régime protéiné supprime tous les aliments riches en sucre durant une phase d’attaque variant d’une semaine à deux mois (selon le nombre de kilos à perdre) et force sur la consommation d’aliments maigres et riches en protéines. Au cours de la phase de stabilisation, on réintroduit les aliments sucrés: fruits, légumes sucrés, pain, pâtes, riz, etc.
    Pour qui? Peut convenir aux « palais salés » qui aiment la viande, la charcuterie et les produits laitiers maigres.
    Ses risques. Pratiqué trop longtemps, il fatigue le foie et surtout les reins.
    L’avis du médecin. « Le pire de tous. Il est très déséquilibré nutritionnellement (excès de sel, de protéines, déficit en micronutriments et en fibres). Une reprise de poids est garantie dans plus de 80% des cas. »
    Sans gluten
    Le régime sans gluten a un caractère obligatoire uniquement pour les personnes souffrant de maladie cœliaque…
    La promesse. Très en vogue, le
    régime sans gluten implique la suppression de tous les aliments qui en contiennent, à savoir: le pain, les pâtes, mais aussi toutes les pâtisseries, quiches, tartes et autres plats préparés qui peuvent en contenir des traces.
    Pour qui? Préconisé à l’origine pour les personnes allergiques au gluten (seulement 3 à 4% de la population sont atteintes de la maladie cœliaque), il est aussi utilisé pour perdre du poids, notamment par les intolérants au gluten.
    Ses risques. Il peut devenir obsessionnel et entraîner des évictions sociales et une orthorexie (l’obsession du contrôle de son alimentation).
    L’avis du médecin. « Ce régime ne doit se faire que s’il est justifié car il engendre des contraintes importantes. De plus, il faut qu’il soit rigoureux, sinon il n’a pas d’intérêt pour la santé. »
    Le régime Cohen
    La promesse. Créé par le médecin nutritionniste Jean-Michel Cohen, ce régime est indiqué comme simple et durable. C’est une diète hypocalorique, où l’on diminue la quantité mais en adoptant une variété d’aliments équilibrés. Trois phases sont nécessaires sur 20 semaines: « confort », avec 1400 calories par jour pour perdre deux à quatre kilos par mois; « booster », avec 900 calories par jour durant deux semaines, à intercaler dans la phase confort après une stagnation dans la perte de poids; « consolidation », avec 1600 calories par jour, pour maintenir le poids à long terme.
    Pour qui? Pour ceux qui veulent rééduquer leur alimentation.
    Ses risques. Indiqué sur 20 semaines, il faut cependant l’adopter sur le long terme.
    Ce qu’en disent les médecins. Un régime équilibré, où il n’y a pas d’interdits. Mais doit être continué sur le long terme sans quoi il y aura une reprise de poids.
    Detox Delight
    La promesse. Inspirée des cures de
    juicing, la cure Detox Delight consiste à consommer des jus de légumes ou de fruits (ou des soupes) biologiques, toutes les 2h30, durant trois jours au moins, en renonçant à tout autre aliment solide. Conséquence: la mise au repos du système digestif et une perte de poids.
    Pour qui? Ceux qui souhaitent faire une cure
    détox de printemps.
    Ses risques. Une cure qui doit rester rapide sous peine de tomber dans un jeûne.
    L’avis du médecin. « Aucun bénéfice n’a été démontré. Il est déconseillé au-delà de 65 ans car il y a un risque d’accentuer
    la perte de masse maigre liée à l’âge. »
    Weight Watchers
    La promesse. Avec Weight Watchers, on maigrit toujours en réunion, mais on peut le faire sur Internet ou en entretien personnalisé. Plutôt qu’un régime, il s’agit d’une rééducation alimentaire et culinaire. A conserver toute sa vie. Chacun dispose d’un capital de points calculé lors de la première réunion. On doit le « consommer » chaque jour et, surtout, ne pas le dépasser, les aliments ayant tous une valeur.
    Pour qui? Tous ceux qui ont besoin d’aide et de soutien et qui aiment cuisiner.
    Ses risques. Peu de risques car il prend en considération les dernières études scientifiques, apporte du conseil, limite la restriction alimentaire et respecte les goûts de chacun.
    L’avis du médecin. « C’est le plus équilibré. Il peut aider les gens à manger mieux, à cuisiner et à gérer leur alimentation. Cependant il n’est pas adapté à tous les profils. »
    Fodmaps
    La promesse. Développé en 2005 par Sue Sherpard, une nutritionniste australienne, ce programme alimentaire supprime ou réduit la consommation des aliments contenant des Fodmaps, un groupe de glucides à chaînes courtes (les fructoses, fructanes, lactoses, galacto-oligosaccharides et polyols) qui fermentent dans les intestins. Parce qu’il supprime certains aliments (produits laitiers, légumineuses, fructose, céréales, édulcorants, etc.), il permet de perdre du poids.
    Pour qui? Pour ceux qui souffrent d’intestins irritables.
    Ses risques. La suppression de nombreux fruits et légumes peut causer une déficience en vitamines.
    L’avis du médecin. « Un certain nombre de colopathies voire de symptômes chez des personnes se déclarant intolérants
    au gluten seraient dus aux Fodmaps. Mais d’autres facteurs pourraient être impliqués. »
    Atkins
    La promesse. Inventé par le docteur Atkins, ce régime supprime tout aliment glucidique: gâteaux, pâtisseries, bonbons, mais aussi tous les fruits, légumineuses, féculents, le lait et les desserts laitiers. En revanche, peuvent être consommés sans aucune limitation tous les fromages, viandes, poissons, etc. Pas de restriction calorique imposée. Plus qu’un régime, il s’agit d’une nouvelle façon de s’alimenter.
    Pour qui? Les personnes qui ne peuvent pas se passer de fromage et de viande.
    Ses risques. Ce régime est susceptible de provoquer des troubles cardiovasculaires à long terme. A tel point qu’il est surnommé « passeport pour l’infarctus ». Son inventeur en est d’ailleurs décédé.
    L’avis du médecin. « Bien qu’il puisse entraîner une perte de poids et rapide (et transitoire), il est totalement déséquilibré. »
    Montignac
    La promesse. Initié dans les années 1980 par Michel Montignac, un homme d’affaires, il repose sur deux concepts: d’abord la consommation d’aliments classés selon leur index glycémique, les aliments à index faible étant privilégiés (fruits peu sucrés, légumes, céréales complètes plutôt que raffinées…). La consommation des glucides et des protéines est dissociée. Donc pas de pâtes à la carbonara, ni de couscous au poulet ou de fromage avec du pain. Pas de limitation de quantité.
    Pour qui? Indiqué par son créateur pour ceux qui déjeunent tous les jours au restaurant.
    Ses risques. Lassant, monotone et socialement compliqué. Considéré à long terme comme un régime trop gras.
    L’avis du médecin. « L’index glycémique est une notion intéressante et utile. C’est un régime dissocié de plus qui fait prendre conscience de certains déséquilibres mais peut en induire d’autres. »
    Le régime chrono-nutrition d’Alain Delabos
    La promesse. Elaboré par le docteur Alain Delabos, le régime chrono-nutrition est fondé sur le fait que nous digérons mieux certains aliments à certaines heures. Les graisses, le matin; la viande à midi; les aliments sucrés au goûter et le poisson et les fruits de mer le soir. Pas de limite calorique.
    Pour qui? Bien toléré par les « lève-tôt » qui pratiquent des tâches physiques et ont besoin d’un solide petit-déjeuner.
    Ses risques. Complètement inadapté et difficile (voire impossible) à tenir si on n’arrive pas à manger du fromage ou des œufs le matin.
    L’avis du médecin. « Il peut donner un cadre à certains et conduire à une réduction des apports. Or il n’est pas forcément équilibré et peut conduire à des troubles du comportement alimentaire. »
    Le régime dissocié de Shelton
    La promesse. Dissocié, ce régime n’implique pas de stricte restriction, mais une organisation alimentaire différente qui limite donc la prise alimentaire. Les règles de base: éviter de consommer des aliments protéinés (viande, poisson, œufs, fromage) en même temps que des aliments glucidiques (pain, pâtes, riz, etc…). Les repas sont donc composés de légumes crus et cuits et de viandes ou produits de la mer, fromage, œufs ou noix. Ou encore de légumes crus et cuits et de féculents. Les fruits restent consommés en dehors des repas.
    Pour qui? Souvent proposé par les naturopathes aux patients qui ont des problèmes de digestion.
    Ses risques. A long terme, il peut causer carences, fontes musculaires et maigreur.
    L’avis du médecin. « Empirique comme tous les régimes dissociés, il conduit à un changement des habitudes alimentaires et donc à une perte de poids, et très souvent à une reprise. »
    Le régime Hollywood
    La promesse. Restrictif, ce régime à base de fruits n’autorise le pain, la viande et les féculents qu’à raison d’un ou deux repas par semaine. Et seulement après avoir passé dix jours à ne manger que des fruits -si possible des exotiques. Simple à suivre, il apporte peu de calories. Il doit son nom à son succès auprès des stars du cinéma, dès les années 1930.
    Pour qui? Principalement les personnes qui n’aiment pas la viande et préfèrent se nourrir de salades.
    Ses risques. Parce qu’il ne comprend pas d’apport protéiné, il entraîne une fonte musculaire rapide. La sensation de faim peut être persistante.
    L’avis du médecin. « Le plus débile de tous les régimes, induisant carences et risque de sous nutrition. »
    Le paléo
    La promesse. Le principe est de retrouver le modèle de vie pré-agriculture. Donc sans céréales, produits laitiers, huiles ou sucre (adieu sauces, desserts, conserves, etc.). Seuls la viande, le poisson, les œufs, les fruits et légumes sont autorisés. Selon le docteur Eaton, nos gènes détermineraient nos besoins nutritionnels. Comme le génome n’a quasiment pas évolué depuis la préhistoire, leur alimentation est sensée convenir à notre époque.
    Pour qui? Pour ceux qui n’ont pas peur de manger beaucoup de cru.
    Ses risques. L’absence de fibres solubles peut causer des problèmes pour la flore intestinale. Par ailleurs, le régime, très contraignant, apparaît vite monotone et peut entraîner des déficits nutritionnels et une grande fatigue.
    Ce qu’en disent les médecins. Comme tout régime faible en glucides, il peut y avoir une reprise de poids importante lorsqu’une alimentation normale est retrouvée.
    Le mono diète ou mono fruit
    La promesse. Détoxifier, nettoyer et assainir son corps tout en perdant du poids. Les cures vont de deux jours à deux semaines, où l’on ne mange qu’un seul fruit (raisin) ou un élément (yaourt nature) choisi pour ses bienfaits. C’est un dérivé du régime Hollywood.
    Pour qui? Pour ceux qui veulent un effet « nettoyage du corps » court et qui, surtout, n’ont aucun problème de santé, car les carences seront multiples.
    Ses risques. Extrêmement risqué, le régime fait beaucoup de mal au corps: déshydratation (à cause de la diarrhée provoquée par la consommation unique de fruit), carences nutritionnelles…
    Ce qu’en disent les médecins. « C’est n’importe quoi, rappelle Dominique-Adèle Cassuto, endocrinologue-nutritionniste. C’est de la magie dans sa tête. »
    Le régime « groupe sanguin »
    La promesse. James D’Adamo a publié en 1980 un livre regroupant ses observations sur l’effet des protocoles alimentaires sur des patients en fonction de leur groupe sanguin. Son fils, Peter D’Adamo, naturopathe, sort en 1999 un livre de régime définissant quatre régimes pour quatre groupes sanguins (O, A, B et AB), car chacun possède une composition chimique particulière qui interagirait mal avec certains aliments. Si le livre propose une (longue) liste d’aliments bénéfiques-neutres-à éviter, certains sont bannis pour tous, comme le porc, le saumon fumé, la noix de coco, la rhubarbe, le poivre noir, le vinaigre…
    Pour qui? Pour ceux qui sont très motivés car non seulement il est assez difficile à suivre chez soi, notamment pour les groupes A et O, mais il est quasiment impossible au restaurant.
    Ses risques. Des carences nutritionnelles sont à prévoir, moindres pour le groupe sanguin AB, qui a droit à une plus grande variété d’aliments.
    Ce qu’en disent les médecins. Aucune étude clinique n’a été réalisée sur ses effets. Ni James D’Adamo ni Peter D’Adamo n’ont publié de recherches. Si les personnes sentent un mieux, c’est surtout parce que nombre d’aliments reconnus problématiques sont interdits (blé, café, lait, etc.). De plus, comme il s’agit de suivre une liste, la psychologie ou les habitudes alimentaires de la personne ne sont pas pris en compte.
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    Homéopathie, plantes, vitamines, acupuncture, massages, ostéopathie… De nombreux patients ont recours à des médecines complémentaires, aussi appelées médecine
    MISE EN GARDE : LA PRISE DE SPIRULINE PEUT ÊTRE MAUVAISE POUR LE FOIE


    La revue médicale "Prescrire" alerte des dangers liés à la spiruline, une algue prisée pour ses vertus minceur et antifatigue, via un communiqué du 1er novembre 2018. Des effets indésirables principalement hépatiques lui sont imputés.
    Aliment "minceur, tonifiant, antifatigue, antidiabète"... bon nombre de vertus santé sont attribuées à la spiruline, cette algue de la famille des cyanobactéries originaire de certains pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Consommée principalement sous forme de complément alimentaire en Europe, elle ne serait toutefois pas sans risque pour la santé : dans un communiqué du 1er novembre 2018, la revue médicale Prescrire alerte en effet la population de ses effets indésirables, notamment hépatiques, trop peu connus

    Spiruline : des effets indésirables hépatiques, digestifs et cutanés
    Sans préciser le nombre exact, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) affirmait déjà en novembre 2017 que "plusieurs cas d’effets indésirables survenus à la suite de la prise de compléments alimentaires contenant de la spiruline" ont été recensés. Parmi ces effets indésirables : des atteintes principalement hépatiques mais également musculaires, des troubles digestifs et des réactions d'hypersensibilité (allergie).




    Ces risques proviendraient du fait que les produits à base de spiruline "peuvent être 
    contaminés par des cyanotoxines (microcystines notamment), des bactéries ou des éléments traces métalliques (plomb, mercure, arsenic)". Sa richesse en minéraux en serait également la cause : consommée en grandes quantités, la spiruline empêcherait leur bonne assimilation. Elle est par ailleurs contre-indiquée chez les personnes atteintes de phénylcétonurie, "maladie génétique rare liée à l’accumulation de l’acide aminé phénylalanine dans l’organisme", et chez celles "présentant un terrain allergique".
    Spiruline : respecter les doses et être vigilant sur son origine
    Pour pouvoir profiter pleinement des bienfaits qui sont prêtés à la spiruline, il est donc recommandé de respecter la posologie mais également de faire attention à son origine. Privilégiez ainsi "les circuits d’approvisionnement les mieux contrôlés par les pouvoirs publics : conformité à la réglementation française, traçabilité, identification du fabricant", assure l'Anses. Car si les manifestations de ces effets indésirables semblent "peu fréquentes", elles sont "probablement sous-notifiées" selon Prescrire.
    Compléments alimentaires : une consommation abusive qui n'est pas sans risque
    En France, les compléments alimentaires sont de plus en plus prisés pour combler de potentielles carences en nutriments. Mais l'Anses explique que celles-ci sont "très rares en population générale" et suggère ainsi que les compléments alimentaires seraient utilisés de façon abusive pour la plupart. Une consommation inutile qui n'est pas sans risque pour la santé puisqu'elle peut entraîner des effets indésirables. Afin d'éviter ces risques, l'Anses rappelle que, "de manière générale, il est important :

    • d’éviter des prises prolongées, répétées ou multiples au cours de l’année de compléments alimentaires sans s’entourer des conseils d’un professionnel de santé,
    • de respecter scrupuleusement les conditions d‘emploi fixées par le fabricant, responsable de la sécurité des produits qu’il commercialise,
    • de signaler à un professionnel de santé tout effet indésirable survenant suite à la consommation d’un complément alimentaire."

  • Neuro-sciences
    L’hypnose expliquée par les neurosciences 


    Contrairement à une idée répandue selon laquelle l’hypnose  est une forme d’inconscience qui ressemble au sommeil, privant le patient de son libre arbitre et de tout contrôle sur lui-même, des recherches scientifiques récentes en neurosciences tendent à prouver que les sujets hypnotisés sont pleinement éveillés. Depuis le 18ème  siècle il existe une pierre d’achoppement pour objectiver scientifiquement l’hypnose ainsi que son caractère physiologique et non pathologique.«Beaucoup de problèmes psychologiques pourraient être compris comme l’application erronée d’approches rationnelles de l’hémisphère gauche sur des situations qui seraient mieux appréhendées par l’hémisphère droit.» Erickson, Rossi, Watzlawick.

    Léon Chertok considérait l’hypnose 
    « comme un quatrième état de l’organisme actuellement non objectivable dont les racines profondes vont jusqu’à l’hypnose animale, cet état renverrait aux relations pré-langagières d’attachement de l’enfant. Il se manifesterait électivement dans toutes les situations de perturbation entre le sujet et son environnement. » (L’hypnose,Payot, Léon Chertok, 1989. Paris. Page 313)

    De nos jours il n’y a pas de définition scientifique universellement validée de l’hypnose  aussi je proposerai une définition métaphorique et neuro-phénoménologique du processus hypnotique : 
    « L’hypnose est à l’éveil ce que le rêve est au sommeil ; l’attention, la motivation, l’imagination en sont ses effecteurs et la mémoire son vecteur.» Isabelle Nicklès.
    Le plus souvent on retrouve dans la littérature scientifique des propositions de définitions identifiant le processus hypnotique comme :Un état d’attention focalisée, de dissociation et d’absorption avec suspension relative du champ de  conscience. Un état particulier de conscience qui tout en restreignant  le champ attentionnel de la vie de relation avec l’extérieur (ce qui se passe autour de soi) maintient  le sujet  réceptif  à certaines suggestions.
    « Une procédure durant laquelle un professionnel ou un chercheur suggère à un patient ou un sujet des changements de sensations, de perceptions, de pensées ou de comportements » The Executive Committee of the American psychological association.

    • L’hypnose n’est pas du sommeil, c’est un mode de fonctionnement particulier de l’éveil. Un processus actif nécessitant une motivation personnelle, une confiance et une collaboration étroite avec le professionnel »  Marie-Elisabeth Faymonville.
    De nos jours la question reste : Les sujets sous hypnose sont-ils vraiment dans un état neurologique particulier? 
    D’après une étude réalisée par l’équipe de
    l’UNIGE sur la compréhension de l’effet hypnotique sur le comportement et la perception des mécanismes neurophysiologiques impliqués dans le mouvement, P.Vuillemier, Yann Cojan et les co-auteurs de l’étude viennent de confirmer  que l’hypnose repose  sur des mécanismes cérébraux particuliers. Il y a en état d'hypnose  une reconfiguration de la communication entre plusieurs régions du cerveau.  Et des régions différentes sont impliquées pendant l’expérience  sous hypnose. L’intention du sujet est préservée sans inhibition de sa volonté d’agir.
    Ceci amène les auteurs à penser que pendant le processus hypnotique le cerveau du sujet fonctionne non pas en soumission aux ordres donnés par l’expérimentateur  mais qu’il se crée un véritable changement de l’activité cérébrale ou les représentations mentales du sujet et l’attitude centrée sur soi (introspection) déclenchées par les suggestions de l’expérimentateur prendraient le contrôle de l’action . Ce qui pousse les chercheurs à dire :    « C’est comme si l’imagination prenait le contrôle du cerveau et de la perception ! »

    The Brain under Self-Control: Modulation of Inhibitory and Monitoring Cortical Networks during Hypnotic Paralysis. Yann Cojan,, Lakshmi Waber, Sophie Schwartz, Laurent Rossier, Alain Forster,4and Patrik Vuilleumier. Neuron 62, 862–875, June 25, 2009.


    En médecine la participation active du patient en hypnose et la découverte de ses ressources physiologiques inexplorées participent sensiblement à sa guérison ou à son mieux être.L’expérience hypnotique est une expérience de vécue sensorielle très enrichissante tant pour le patient que pour le médecin et qui laisse toujours pour celui qui le vit un sentiment exceptionnel et troublant. Là est la seule magie de l’hypnose ! Et si magie il y a, alors le cerveau n’en est-il pas le magicien?

    Crédits : INSTITUT MONTPELLIERAIN D'HYPNOSE ERICKSONIENNE MÉDICALE IMHEM

  • Hypnose Thérapeutique (Thérapie d’activation de conscience)
    HISTORIQUE DE LA THÉRAPIE D’ACTIVATION DE CONSCIENCE


    De la préhistoire au seizième siècle, les thérapeutes et les médecins sont des « agents » au service des Dieux, à l’époque panthéiste d’Hippocrate, ou de Dieu, dans la spiritualité mono-théiste judéo-islamo-chrétienne. Au seizième siècle, Ambroise Paré , médecin et chirurgien de François Premier,  dit à propos des patients qu’il soigne : « Je les panse – Dieu les guérit ». Si les médecins dérogeaient à cette vision omnipotente d’un Dieu guérisseur, ils risquaient… le bûcher. Cependant, à la fin du seizième siècle, sous l’influence de philosophes français et anglo-saxons,  l’esprit du monde se modernise et le développement du protestantisme et de l’humanisme vont ébranler cette vision d’un Dieu tout puissant. L’autocratie, glissant du spirituel au temporel,  va être assumée par les rois ou les parlements… Les Temps Modernes sont en marche (quatre siècles avant Charlie Chaplin).  
    Au dix-septième siècle, les philosophes anglo-saxons, Locke, Home, vont travailler sur les notions de conscience, d’inconscient, de libre arbitre et de volonté. Leurs réflexions vont influencer les philosophes français du Siècle des Lumières, en particulier Rousseau et Voltaire. Les médecins « éclairés » vont utiliser ces notions dans leurs interventions thérapeutiques ; la psychothérapie est en incubation. 
     
    Au dix-huitième siècle, Anton Mesmer se présente comme un homme « hors du commun ». Médecin, théologien, astronome, astrologue, alchimiste et aussi chimiste et physicien, il figure l’ Homme Moderne qui fréquente les Humanités et la Science de son époque. Le magnétisme, science qui étudie l’attraction de certains métaux entre eux et l’électromagnétisme sont deux découvertes retentissantes de cette époque. Mesmer connaît les travaux de Faraday et il utilise ces données scientifiques pour les appliquer à une nouvelle technique de soins qu’il intitule : le magnétisme animal. En utilisant le vocable, animal, Mesmer montre son intelligence ; animal fait référence au mouvement magnétique qui « anime » les corps et aussi au mouvement en lien avec l’âme, « anima » en latin. Il évite ainsi les foudres des autorités religieuses. Il développe avec succès cette approche créant une première grande révolution dans le monde de la médecine. Les médecins instruits, modernes, scientifiques, vont suivre Mesmer, adopter sa conception et devenir : médecins magnétiseurs. Les soignants qui refusent cette nouveauté constituent « officiellement » le corps des guérisseurs ; guérisseurs qui existent encore à notre époque et qui, pour la plupart d’entre eux , réalisent leur travail en toute bonne foi et honnêteté. Cependant, certains guérisseurs ont gardé ce titre pour continuer à profiter de la crédulité de certains patients. 
    Au dix-neuvième siècle apparaît un deuxième personnage dans notre  histoire « raccourcie » de la médecine. James Braid, chirurgien écossais et homme de science connaît  l’évolution scientifique de son époque et suit le développement de deux nouveaux compartiments de la médecine : la neurologie et la psychiatrie. Il publie en 1843 un retentissant ouvrage, Neurypnology, dans lequel il écrit : « il n’y a pas de magnétisme, il n’y a que de la suggestion ». Cette deuxième révolution dans le monde de la médecine va entraîner, dans le sillage de Braid,  les médecins modernes et scientifiques qui quittent l’espace du magnétisme pour adhérer à cette nouvelle science : l’hypnose. L’hypnose est expliquée par l’action neurologique de la suggestion, action qui génère un état comparable au sommeil. Ces médecins « modernes » deviennent des hypnotistes et ceux qui ne croient pas en cette théorie neurologique se placent « officiellement » dans la catégorie des magnétiseurs ; magnétiseurs qui opèrent encore à notre époque, certains en toute bonne foi et honnêtement, d’autres utilisant la crédulité de certains patients. Notons que les magnétiseurs  de théâtre vont tous adopter ce vocable moderne, hypnose, et devenir aussi des hypnotistes. 
    Au vingtième siècle, le thérapeute « hors du commun »,  marquant de son intuitive empreinte notre histoire raccourcie de la médecine,  est Milton Erickson. Sa vision « prophétique » et moderne d’inconscient bienveillant va entraîner une troisième révolution. Les psycho-thérapeutes qui acceptent cette idée d’un inconscient « collaborateur », travaillant en parallèle et à l’insu de la conscience vont devenir des hypnothérapeutes ericksoniens, groupe qui a marqué ma jeune vie de soignant. Ce groupe va se détacher des thérapeutes qui n’acceptent pas cette version bienveillante de l’inconscient et cette séparation sera l’occasion de critiques virulentes envers la pratique de l’hypnose, considérée comme une espèce de « dressage », de rééducation forcée de l’inconscient. Nous avons résisté à ces attaques et pratiqué  en fin du siècle dernier une hypnose ericksonienne efficace et appréciée par nos patients. Pratique toujours accompagnée par les artistes hypnotiseurs du music-hall. 
    Au vingt et unième siècle, les neuro-sciences se développent à grande vitesse et les travaux, principalement axés sur l’étude de la conscience, révolutionnent notre conception de l’hypnose. L’hypnose n’est plus un état proche du sommeil, elle peut être assimilée à une  activation particulière de la conscience. La conscience elle-même n’est plus parcellisée en morceaux (conscient, inconscient, sub-conscient), elle est un espace unique, non cloisonné, fonctionnel, toujours actif, à intensité variable. Cette nouvelle carte de la conscience modifie profondément notre technique « hypnotique » et ces modifications, soutenues par l’idée d’activation de la conscience, nous permettent d’élaborer un nouveau modèle technique et thérapeutique, complémentaire  du modèle hypnotique d’Erickson.

    Allons-nous assister à une quatrième révolution dans notre courte histoire ? 

    Révolution qui permettrait aux « modernes » de pratiquer un acte thérapeutique axé sur ces nouvelles notions d’activation de conscience et laisserait sur la touche les hypnotiseurs qui ne  voudraient pas suivre ce chemin, pour des raisons qui leurs sont personnelles,  et surtout les artistes de music-hall qui continueront à pratiquer une hypnose basée sur le pouvoir, le sommeil profond et la soumission. 
    Heureuse époque où je n’aurais plus a expliquer à mes patients que ce que je leur propose « ce n’est pas ce qu’ils ont vu hier soir à la télévision, hypnose pratiquée par un certain fascinateur … Messmer… ».
    Il est permis de rêver et, dans une vision
    spinoziste de la vie  privilégiant l’action joyeuse, nous  œuvrons pour avancer dans cette fraîche, dynamique et contemporaine direction… en paraphrasant, a minima, la célèbre injonction de Philippe VI de Valois « qui nous aime, nous suive ». 

    Source :
    Dr. Jean Becchio
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